L’enquête de whodoneit n’est qu’un cadre malléable pour Aldrich d’esquisser la nervosité de son héro nuancé face à une société en perte de repère gangrenée par la corruption et soumise à la violence. Affaibli, désengagé, cynique, impulsif, contradictoire mais demeurant au fond totalement humain, contrairement à son physique imposant et viril, le personnage de Burt Reynolds porte en lui tous les symptômes d’une Amérique libérale en crise de moral, n’arrive plus à trouver sa place dans le présent ou s’intégrer dans son époque. En même temps, à travers la complexité de celui-là, Aldrich affiche une sympathie indéniable envers les laissés-pour-compte représentés ici par le père de la victime hanté par le trauma de la guerre qui contamine en sourdine toute la société. Aldrich ne lésine rien non plus sur les personnages secondaires dont l'épaisseur contribue pleinement à l'intensification dramatique du récit.Malgré son défaut assez visible de tempo et de rythme, La Cité des dangers conserve de toute même son charme particulier caractérisé par une photographie magistrale aux jeux de lumière subtils et aux compositions du cadre délicates qui mettent en exergue et rendent tangible la phycologie troublée des personnages.